Vendredi soir 12 février 2016, une cinquantaine de personnes a participé au café du coin de la rue à Périgny à un “café-débat“ sur la sécurité et l’état d’urgence à l’invitation de l’association Péri Avenir, nouvellement créée à Périgny.
Cafalorni
Si le débat annoncé sur la sécurité “à l’échelle de la commune“ de Périgny n’a pu avoir lieu, faute de temps –et, sans doute de données chiffrées fiables, les seules statistiques disponibles sur la délinquance datant de 2012 et concernant, outre Périgny, les 4 autres communes de la circonscription de sécurité publique de la zone police de La Rochelle que sont Aytré, Puilboreau, Lagord et Saint-Rogatien -, la présence, lors de ce café-débat, du député de la première circonscription de La Rochelle, Olivier Falorni, secrétaire depuis le début du mois de janvier de la commission d’enquête parlementaire relative aux moyens mis en œuvre par l’État pour lutter contre le terrorisme ainsi que de la mission d’information sur les moyens financiers de Daech, a permis d’aborder durant deux bonnes heures le thème de la lutte contre les terroristes et celui de la radicalisation islamiste.
La radicalisation islamiste en question
Le député a choisi d’abord de faire longuement partager au public présent ses constatations de parlementaire impliqué dans ces commissions et il a commencé son exposé par la description des différents profils concernés par la radicalisation, filles et garçons, en insistant sur leur diversité, leur manque général de connaissances de base religieuses solides et leur sentiment de dévouement à une cause qui les transcende, qu’elle paraisse être humanitaire, surtout pour les filles ou directement activiste et immédiatement violente, surtout pour les garçons.
Réseaux sociaux
À la question de l’influence des réseaux sociaux, Olivier Falorni confirme leur rôle néfaste dans la radicalisation de certains jeunes qui ne sont pas toujours sous l’influence d’une relation directe avec une personne en chair et en os, mais trop souvent sous celle d’une relation par Internet. C’est parfois cependant le premier cas qui prévaut et cela explique pourquoi le ministère de l’Intérieur a procédé à la fermeture de plusieurs mosquées. Le député met en avant la difficulté d’imposer une éthique aux grands groupes américains tels Google ou Facebook.
Saint-Martin de Ré
Il a aussi abordé le phénomène de radicalisation dans les prisons et particulièrement à la Centrale de Saint-Martin de Ré. Il semble que cette institution connaisse des difficultés particulières dues entre autres choses à une architecture interne mal agencée et perdurant faute de réactivité des autorités pénitenciaires mais aussi du manque de moyens financiers.
Mise à l’isolement
Plus généralement, il a exposé sa proposition de placer à l’isolement total certains prisonniers. Bien qu’elle n’ait pas été immédiatement mise en cause, faute de temps, cette mesure a été ressentie par une partie du public comme particulièrement attentatoire aux droits humains. Ne pourrait-elle pas être en effet assimilée à un traitement cruel et dégradant pouvant mettre directement en péril la santé mentale des prisonniers ? Il faut bien comprendre que les personnes qu’il est question d’isoler n’ont pas été incarcérées pour avoir commis des actes terroristes mais, emprisonnées pour des crimes ou des délits de droit commun, sont seulement soupçonnées de pouvoir se radicaliser. Comment déterminer avec certitude une telle intention ?
Quelle serait d’autre part l’efficacité à terme d’une telle mesure ? Un jour où l’autre, ces prisonniers sortiront de prison. Quel pourrait être le comportement de ceux qui auront ainsi été mis à l’isolement complet durant –combien de temps ? - Sans compter que tout Edmond Dantès trouve son abbé Faria.
Les moyens de Daesh
La géopolitique régionale du Moyen-Orient a été également mise en cause, avec ses oppositions entre Iran chiite et Arabie sunnite, entre partisans et ennemis de Bachar el Assad en Syrie, etc. Surtout, d’après Olivier Falorni, qui a confirmé ainsi ce secret de polichinelle, il s’avère que l’Arabie Saoudite a bel et bien en grande partie financé Daesh, “l’État Islamique“, pour contrer le régime syrien. On peut en dire autant de la Turquie d’Erdogan par où transitait le pétrole, principale source de revenus des islamistes de Daesh. Le député aurait aussi pu aussi ajouter à la liste les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux, pour leur intervention militaire en Irak et plus directement les Etats-Unis qui ont armé sans vergogne le front Al Nosra, proche d’Al Quaïda !
Laïcité et état d’urgence
Le trop court débat qui a suivi l’intervention du député a tourné autour des thèmes de la laïcité et de celui de l’état d’urgence.
Concernant la laïcité, la loi de séparation de l’État et des Églises de 1905 ayant été mis en exergue dans le public, Olivier Falorni a appuyé ces dire et insisté sur le caractère indispensable de la laïcité pour le Vivre-Ensemble dans notre pays. On espérait peut-être ici sur ce thème une intervention du maire de Périgny, Guy Denier, présent dans la salle, mais elle n’a pas eu lieu.
Concernant l’état d’urgence, Olivier Falorni a reconnu que sa prolongation pouvait être contre productive. Il a noté particulièrement que les perquisitions administratives, si elles avaient eu un intérêt au début, ne pouvaient plus être efficaces après un si long laps de temps : ceux qui avaient quelque chose à cacher ayant de toute façon eu largement le temps de faire disparaître des preuves éventuelles.
L’absentéisme parlementaire ?
Enfin, interrogé sur la question de savoir pourquoi il avait fait partie des 441 députés absents de l’hémicycle lors du vote de lundi dernier sur l’article 1 de la loi de constitutionnalisation de l’état d’urgence, concernant les bombardements sur Daesh et la prolongation à 4 mois renouvelables de l’état d’urgence, loi contre laquelle il a par ailleurs voté dans son ensemble mercredi, Olivier Falorni a invoqué son choix d’aller s’entretenir avec les agriculteurs qui bloquaient Saintes le même jour. Personne ne lui a fait remarquer qu’il n’était pas député du FNSEA mais de la 1ère circonscription de La Rochelle et qu’il n’avait peut-être pas été élu pour accourir à l’injonction de 300 manifestants fussent-ils agriculteurs alors qu’un vote de cette importance nationale se tenait à l’Assemblée Nationale.