Origines diverses dans le temps et dans l'espace
Si on suit Wikipedia, l’histoire écartèle le 1er mai entre ses différentes origines : 3ème sansculottide du calendrier de Fabre d’Églantine lors de la Révolution française ou bien issu des grandes grèves de l’Illinois de la fin du 19ème siècle.
Saint Just en France, ayant instauré la journée des travailleurs en 1793 le 1er pluviôse, Mac Guire, secrétaire général de la confrérie ds charpentiers et des menuisiers, aux Etats-Unis, voulant honorer, en 1882, “ceux qui, de la nature brute, ont détaillé et ouvragé toute la splendeur que nous contemplons“, se disputent l’honneur d’avoir officiellement institué dans leur pays respectif la fête du travail.
“Le jour viendra où notre silence sera plus puissant que les voix que vous étranglez aujourd’hui“.
Ce qui est certain, c’est que la naissance du labor day américain s’est scellée outre Atlantique après les 3 morts ouvrières du 3 mai 1886, lors de la répression des manifestations de Chicago, dans le sang de huit policiers à Haymarket square et dans l’horreur de l’agonie des 4 syndicalistes pendus à la suite de ces événements. Sur une stèle du cimetière de Waldheim, à Chicago, sont inscrites les dernières paroles de l’un des condamnés, August Spies : « Le jour viendra où notre silence sera plus puissant que les voix que vous étranglez aujourd’hui »
Mais comme disait Howard Zinn, c’était encore quelques années avant le massacre (plus de 350 morts) de Wounded Knee (1890).
Ce qui est certain, c’est que la naissance de la tradition de la fête des travailleurs en Europe s’est scellée dans les luttes épiques de la fin du XIXème et du début du XXème siècle pour l’amélioration des conditions de vie prolétaires.
Symboles de lutte
En France, depuis 1890, les manifestants du 1er mai avaient pris l'habitude de défiler en portant à la boutonnière un triangle rouge dont les trois côtés symbolisaient les 3 huit : huit heures de travail, huit heures de repos, huit heures de loisirs. En cette fin du XIXème siècle, la durée de la journée de travail était de 10 h, voire plus, dans la plupart des pays industrialisés. La fête internationale tire son origine des combats du mouvement ouvrier pour obtenir la journée de huit heures.
Le 1er mai 1891, à Fourmies, dans le Nord, en France, la manifestation fut encore réprimée dans le sang : la troupe tira sur la foule, dix personnes furent tuées, dont deux enfants de onze et treize ans. Avec ce drame, le 1er mai s’enracina dans la tradition de lutte des ouvriers européens. Les militants épinglèrent alors une églantine écarlate (fleur traditionnelle du Nord), en souvenir du sang versé et en référence à Fabre d'Eglantine.
En 1907, à Paris, le muguet, remplaça l’églantine. Le brin de muguet porté à la boutonnière avec un ruban rouge, symbole du printemps en Île-de-France, devint habituel au début du XXème siècle.
Le 23 avril 1919, le Sénat ratifia la journée de huit heures et fit du 1er mai suivant une journée chômée. Elle l’est toujours. (Jour chômé mais payé depuis 1948).
En 1920, la Russie bolchévique décidait que le 1er mai serait désormais chômé et deviendrait la fête légale des travailleurs.
Une fête contestée à Droite
Mais la fête du travail n’est plus celle des travailleurs. Chez nous, en France, c’est Pétain qui a provoqué le distinguo. Il paraît qu’il refusait autant le capitalisme que le socialisme ; alors, “fête du Travail“, ça faisait moins lutte des classes que “fête des Travailleurs“. Le 24 avril 1941, il institue “la fête du travail et de la concorde sociale“.
Savez-vous que le “défilé“ du 1er mai fut interdit dans les années 1950 à 1960 à cause des guerres d’Indochine et d’Algérie ?
Pour essayer de christianiser le 1er mai, le Pape Pie XII institue en 1955 la fête de saint Joseph artisan, célébrée le 1er mai.
Depuis 1988 le Front national défile le 1er mai pour rendre hommage à Jeanne d'Arc et en 2012, l'UMP de Sarkozy rassemble ses partisans en se réclamant de la fête du « vrai travail ».
Images du 1er mai rochelais cette année :
Chaque 1er mai a ses spécificités. Celui de 2016 était marqué par la mobilisation contre la loi El Khomri, celui de 2017, situé entre les deux tours de l’élection présidentielle, fut davantage politique, distingué par l’intervention massive dans le défilé de la France insoumise qui s’est jointe aux syndicats pour témoigner de son soutien à leurs luttes, de l’exigence au deuxième tour des élections d’éliminer le vote Le Pen et d’œuvrer pour envoyer à l’Assemblée des députés FI en grand nombre qui soutiennent les revendications de l’Avenir en commun.