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Rue du Blogule Rouge Insoumis

Rue du Blogule Rouge Insoumis

Dans la rue du blogule rouge on s'intéresse à toutes les affaires de la cité et des citoyens.

Publié le

 

Un des feuilletons malheureux de l’hiver (pour le moment) 2019/2020 – avec celui -encore plus long- des Gilets jaunes, est incontestablement celui de la réforme de la retraite voulue envers et contre tout et tous par le gouvernement Macron.

 

Pas au programme ?

Même si Macron ne l'avait pas inscrite dans son programme électoral présidentiel, lequel stipulait pour le chapitre “retraites“, “nous ne toucherons pas à l'âge de départ à la retraite (62 ans) ni au niveau des pensions“, après avoir supprimé l'ISF, maintenu le CICE, détruit le code du travail, attaqué les services publics par étranglement budgétaire, privatisé la SNCF et bientôt les aéroport de Paris et la Française des jeux, abaissé les indemnités des chômeurs et sorti plus de 150 000 chômeurs des statistiques, j'en passe et des meilleures, le gouvernement a décidé de réformer le système français des retraites, régime élaboré entre autres par le ministre communiste Ambroise Croizat et qui, grâce au principe de solidarité entre générations, avait permis tant bien que mal, de sortir de la pauvreté la majorité de nos anciens.

Amélioré sous Mitterrand par l'abaissement de l'âge de départ à 60 ans, ce système faisait l'admiration du monde entier au point qu'il servait de but à atteindre dans le programme présidentiel d'un Bernie Sanders, aux États-Unis d'Amérique, par exemple. “Ce que propose Bernie Sanders, expliquait Marie Viennot sur France Culture dès 2016, c'est un système où on paye plus de cotisations, moins d'assurance privée, le système français, en fait, qu'il ne craint pas de citer en exemple, en disant qu'au global, il coûte 50% moins cher que le système américain.“

Pour quelle raison alors casser ce système ?

Ambroise Croizat

Ambroise Croizat

Un Macron sous influence

Le 6 décembre 2017 le Canard enchaîné révélait que le gouvernement avait privatisé, dès le mois d'octobre 2017, donc  au tout début du mandat, le palais de l'Élysée pour recevoir les pontes de la finance américaine. Au premier rang desquels la multinationale Black Rock ! "L'entreprise qui gagne des milliards en spéculant sur les retraites privées.."

Dans le documentaire "ces financiers qui dirigent le monde" diffusé par ARTE en septembre 2019, le réalisateur, Tom Ockers, révélait que "Emmanuel Macron avait déjà rencontré Larry Fink (le PDG de Black Rock) à plusieurs reprises après sa prise de fonction" dans le but de favoriser les privatisations en France. À cet effet, le président de la République avait créé une commission dont l'un des membres n'était autre que le patron de Black Rock France, Jean-François Cirelli. Cet ancien conseiller du président Chirac (..) qui ne cesse de réclamer un recours accru aux fonds spéculatifs pour l'assurance vieillesse.

Le 28 juin 2017, Bruno Le Maire avait rencontré Larry Fink à New-York autour d'un "entretien bilatéral" et d'un "dîner d'attractivité".

Le 17 octobre 2017, le gouvernement mandatait le Comité action publique 2022 (un groupe d'une trentaine d'experts)  pour travailler sur la réforme de l'État. Et surprise, parmi ses membres, on retrouve le président de Black Rock France, Jean-François Cirelli. (C'est d'ailleurs aussi l'homme qu'on voit à la fin du documentaire d'ARTE défendre l'épargne-retraite sur le plateau des Échos en juin 2018 ou sur France Info en juin 2019).

Le 25 octobre 2017, le PDG américain, Larry Fink, accompagné de dirigeants de Black Rock et de 21 gestionnaires de fonds, est de retour à Matignon et à l'Élysée, lors de la journée de réception décrite par le Canard enchaîné. Lors de cette visite, les financiers vont être chaleureusement reçus sous les ors du salon Murat de l'Élysée (où ont lieu les conseils des ministres), pour y assister à des exposés de plusieurs ministres : Muriel Pénicaud, Elisabeth Borne, Bruno Le Maire et Benjamin Griveaux. Le soir, ils dînent avec des ministres et Emmanuel Macron.

Cette réforme, inscrite dans les directives de Bruxelles, soutenue par le MEDEF, est donc dictée par des intérêts privés, dont ceux des fonds de pension américains.

JF Cirelli et Larry Fink
JF Cirelli et Larry Fink

JF Cirelli et Larry Fink

Les discours de la méthode

Ce n'est pas tout à fait comme cela, bien sûr, qu'on nous a vendu cette réforme ! Non, on nous a assuré que le système actuel serait rapidement déficitaire. Qu'il était complexe et injuste. Et que par conséquent on allait le rendre universel (foin de ces plus de quarante régimes spéciaux) et beaucoup plus juste (assez avec les privilèges des fonctionnaires, des employés de la RATP ou des cheminots).

D'ailleurs, dès 2010, dans ses projections, le COR (Conseil d'orientation des retraites -parmi ses 40 membres, on retrouve d'ailleurs un certain Laurent Pietraszewski) n'estimait-il pas que le déficit annuel de l'ensemble de nos régimes de retraite serait de 70 milliards d'€ en 2030 et de plus de 100 milliards d'€ en 2050.

Conclusion immédiate du gouvernement : il faut non seulement en finir avec ce système mais ne plus dépasser 15% du budget général comme part des pensions et même la ramener si possible à 14 ou 13%. Peu importe si le nombre de retraités augmente (18 millions en 2020 et 23 millions prévus en 2050) le gâteau à se partager doit diminuer, et donc, arithmétiquement, la part de chacun.

De plus, dans les projections du COR, les régimes de la fonction publique représenteraient près de 50% du déficit de l'ensemble de nos régimes alors que les retraités de la fonction publique ne représenteraient que moins de 20% des retraités.

Et voici pourquoi il ne faudrait plus calculer les retraites des fonctionnaires sur les 6 derniers mois mais sur l'ensemble de la carrière. Ce serait plus juste ?

Reprenons : le déficit prédit n'est pas imminent. D'ici 2030, n'y a-t-il pas du temps si on souhaite réformer le système actuel pour l'améliorer, par exemple en augmentant les recettes, ce que pourrait produire une hausse des salaires ou un alignement des salaires féminins sur les masculins, etc.

Niveler par le bas, ce n'est pas de la justice. En précipitant tout un pan de la société vers la pauvreté, on ne ferait au contraire qu'augmenter les injustices.

Si on est plus de convives, pourquoi ne pas augmenter la taille du gâteau ?

Il y a 10 ans déjà, Franck Lepage et Gaël Tanguy décryptaient pour nous l'histoire des retraites

La retraite par points

 Plus de cotisations dans le système de la retraite par points, le travail rapporterait des points. Leur quantité serait fonction du salaire. Leur valeur ? Inconnue. Mais le montant de la retraite ne sera plus calculée sur les meilleures années. Non, ce sera “l’ensemble de la carrière“ et ce jusqu’à 62, 63, 64, 65, 66 ou 67 ans suivant votre année de naissance.

Le montant des pensions va donc baisser. Et pas qu’un peu ! Et les salaires aussi ! Les salaires ? Oui, car il faudra bien compenser (pour ceux qui en auront les moyens) la perte des pensions en s’achetant des retraites privées. Et c’est là que réapparaitront Black Rock et ses semblables.

Un choix de société

Cette réforme n'a donc pour but que d'enterrer à terme le système des retraites par répartition.

Elle supprime tout ce qui relève des solidarités nationale ou intergénérationnelle où les salariés actifs contribuent selon leurs moyens (cotisations sociales) à financer en temps réel les pensions des retraités. C'est l'inverse d'un système où chacun reçoit suivant ses besoins après avoir contribué suivant ses moyens, sans vivre dans l'angoisse du lendemain, de la maladie ou de l'accident de travail.

La retraite ne sera alors que l'antichambre de la mort.

La réforme Macron conduirait les salariés à financer eux-mêmes (pour ceux qui en auraient les moyens) leur propre retraite et à supporter eux seuls les aléas de la vie. Les salariés les moins bien lotis (bas salaires, période de chômage, précarité, maladie, ...) subiront mécaniquement la double peine : recul de l'âge de départ à la retraite et faible pension. Les mieux lotis se dirigeront vers la capitalisation pour le plus grand bonheur des fonds de pension et assureurs de tout poil.

La réforme Macron, c'est le chacun pour soi, la loi de la jungle. C'est un retour en marche arrière toute de trois quarts de siècle.

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