Nos gouvernants et par ricochet les médias qui les bichonnent ont les yeux rivés sur les courbes statistiques de la circulation du coronavirus, et surtout de la fréquentation des hôpitaux qu’elle induit. S’il y avait en effet plus de malades graves de la COVID que de structures hospitalières capables de les accueillir, alors ce serait la catastrophe. On ne pourrait plus cacher la misère de l’appareil hospitalier, amputé de milliers de lits et de personnels soignants depuis des années au nom de la rentabilité. Les révoltes des professionnels de santé comme des usagers tendraient alors à se multiplier. Tout notre système de santé risquerait d’exploser.
Quelles solutions ont-ils trouvé à ce problème ?
S’il n’y a pas assez de lits d’hôpitaux, la logique voudrait qu’on en ouvre plus. Qu’on embauche plus de personnel s’il en manque. (Ces personnels existent d’ailleurs d’ores et déjà, de nombreux professionnels de santé ayant récemment renoncé à leur métier soit qu’ils aient été “remerciés“ soit qu’ils aient volontairement abandonné devant le manque de moyens mis à leur disposition pour exercer ou encore à cause de la faiblesse des rémunérations qui leur sont proposées. Si leur nombre est insuffisant, il faut de toute façon commencer à envisager d’en former davantage etc.), tout cela n’est donc, comme le disait hier Caroline Fiat à l’Assemblée, qu’une question de moyens.
Mais voilà, cette logique n’est pas leur. Il faudrait pour cela admettre la primauté du service public sur les intérêts privés. Gouverner dans l’intérêt du grand nombre et non en faveur, exclusivement, des plus riches.
Alors, quelles sont leurs solutions ? Elles se résument en somme en une seule : interdire.
Interdire, disent-ils, la circulation du virus en interdisant celle des personnes. Mais comment alors préserver l’économie ? Il faut bien que la force de travail des “collaborateurs“ puisse continuer à être exploitée. Alors l’incohérence prédomine : les métros bondés, les bus, les trains, continuent à circuler. En outre, pour satisfaire une opinion déboussolée, les frontières de l’Europe sont fermées (bien que les frontières intérieures à l’Europe soient encore ouvertes). On espère ainsi faire peur au vilain virus anglais ou sud-africain. À votre avis, no pasaran ou pasaran quand même ?
Le couvre-feu est une autre absurdité.
Avec lui, tout le monde se précipite pour faire ses courses à la même heure. Mais si tu es pris dans un contrôle après 18 h, fusses-tu prisonnier d’un embouteillage, tu es passible d’une amende et la milice gouvernementale qui nous sert de police est là pour encaisser.
Où te précipites-tu avant l'heure fatale ?
Plutôt dans les centres-villes, puisque cette fois les grands magasins (non alimentaires de plus de 20 000m2), souvent implantés dans la périphérie, sont interdits d’ouverture. C’est l’inverse de ce qui était préconisé lors des précédents confinements. Cette fois, les petits magasins du centre peuvent rester ouverts mais pas ceux des galeries marchandes. Comprenne qui pourra. Ce n’est de toute façon pas cette mesurette qui empêchera le virus de circuler.
Il est interdit d’avoir une activité sociale.
Les bars, les restaurants doivent fermer leurs portes, mais pas les cantines scolaires, pas les take away !
Les rassemblements festifs, les cinémas, les théâtres, les expos, la visite des musées, les manifestations sportives avec spectateurs, les sports d’hiver sont interdits. Tu peux, par contre, aller à la messe en temple ou en église ou à la prière en mosquée.
Il est interdit de se muer en procureur (c’est Macron qui l’a dit) et de critiquer.
Les manifestations revendicatives ou politiques sont en effet interdites. Pas par la loi, ce serait inconstitutionnel. Mais dans la réalité. Sinon, tu es gazé, matraqué, verbalisé, en garde à vue ou carrément incarcéré. Les préfets et leurs robots-cops sont là pour veiller au grain.
Il est interdit dans la plupart des lieux de circuler sans masque.
Pour cette séquence, nos gouvernants se sont vraiment surpassés ! Après avoir certifié que les masques étaient inutiles -ils ne servent à rien, disait Olivier Véran, ministre de la Santé, personne ne sait les mettre, renchérissait Sibeth N’Diaye, porte-parole du gouvernement – après avoir ensuite nié la pénurie (car les stocks existants avaient été, par eux, délibérément supprimés), ils ont demandé à la population d’en fabriquer avant de prétendre (contre l’avis de l’OMS) que ces masques en tissu seraient inefficaces et les a rendus quasi-obligatoires, même pour les jeunes enfants, alors qu’ils ne sont toujours pas gratuits. Yes !
Doit-on qualifier cet épisode des masques de sommet de l’incompétence ou de sommet de l’hypocrisie méprisante ?
Mais figurez-vous que ce n’est pas tout.
Nos gouvernants ont aussi été infoutus d’organiser la fabrication nationale des médicaments utiles aux simples soins de la COVID.
Infoutus d’organiser la mise en quatorzaine des personnes atteintes par le virus ou seulement cas contacts. Pourtant, les chambres d’hôtel libres ne manquaient pas dans la période !
Infoutus d’organiser la fabrication des bouteilles d’oxygène parce qu’ils ont refusé toute nationalisation dont celle par exemple de luxfer ou toute réquisition des moyens disponibles pour fabriquer des lits, des blouses, des gants, des respirateurs, etc.
Infoutus d’investir suffisamment d’argent dans la recherche scientifique et de soutenir un pôle français national du médicament, ce qui aurait peut-être pu permettre de créer notre propre vaccin.
Infoutus d’organiser l’achat conséquent des différents vaccins existants ou bientôt existants dans le monde et leur acheminement jusqu’à destination en quantité suffisante.
Infoutus d’organiser la vaccination de la population de façon programmée et rationnelle.
Infoutus de prévoir des locaux et des personnels en nombre suffisant pour que l’Éducation nationale bénéficie de réels moyens pour ne pas transformer ses écoles en clusters viraux.
Infoutus de réduire le temps de travail et d’organiser la société par roulements, comme le réclamait la FI, afin de réduire la concentration des travailleurs en un même lieu au même moment.
Infoutus d’introduire un peu de justice sociale en utilisant la fiscalité pour faire payer un peu de la crise sanitaire aux Riches. Pas question donc de revenir sur l’abolition de l’ISF, même temporairement ! Non ! Que les milliardaires, au contraire, continuent à amasser des fortunes surréalistes. Que les étudiants qui n’ont plus de petits boulots donc plus de revenus, crèvent la dalle. Que tous ceux, étudiants, retraités ou salariés qui se sont recroquevillés dans un chez eux souvent minuscule et sans horizon, continuent à se morfondre dans le vide sidéral de leurs activités sportives, sociales ou culturelles.
À chaque échec, la seule réponse envisagée par nos gouvernants a été de lancer un nouvel interdit. Promouvoir la responsabilité individuelle plutôt que la solidarité.
Choisir de gouverner, c’est en partie prévoir mais choisir d’interdire c’est surtout l’arme des imbéciles.