Une loi d’exception
Notre Méprisant de la République, Macron Ier le jupitérien, veut nous faire croire que nous sommes en guerre non seulement contre le coronavirus mais aussi contre ce qu’il qualifie de séparatisme politico-religieux.
Son Sinistre de l’Intérieur, lui, le petit Darmanin Gérard, veut nous faire croire que l’ennemi principal, cherchant à nous détruire par la terreur, c’est un amalgame d’Islam et d’Islamistes, d’Islamisme politique et de fanatiques religieux.
La cheftaine des Ratssemblés Nationaux, la Marine Le Pen, approuve d’ailleurs bruyamment, au nom des auto-proclamés Français de souche (blancs, chrétiens, buveurs de vin et mangeurs de saucisson) cette nouvelle croisade de l’Occident chrétien contre l’Islam, les musulmans et peut-être même, espère-t-elle, les Africains en général, les Asiatiques aussi et pendant qu’on y est tous les autres (n’y-a-t-il pas plus de 7 milliards d’étrangers sur cette Terre ?).
Y-a-t-il une autre raison pour Macron et ses sbires à ces appels du pied à la haine lepéniste de l’Étranger sinon l’envie électoraliste de mettre de son côté les matamores des comptoirs de cafés-bars, dans sa poche les Rambos des bistrots ?
Y-a-t-il une autre raison à cette loi prétendant conforter le respect des principes de la République que de donner des gages à tout ce que la France compte d’adeptes de la sévérité sélective des lois contre le culte musulman, de mythomanes de l’ascendance exclusivement chrétienne de la nation française ?
Car cette loi, qui cherche à réglementer la pratique religieuse et à en affaiblir les supposés succédanés politiques, ne vise en réalité qu’une seule des religions à laquelle certains de nos concitoyens adhèrent : l’Islam et uniquement l’Islam, seule religion à être ici ciblée.
En ce qui me concerne, je ne suis pourtant pas, loin de là, ni croyant ni pratiquant de l’Islam, mais je ne suis pas davantage catholique, ni protestant, ni orthodoxe, ni anglican, ni bouddhiste, ni hindouiste, ni quaker, ni pentecôtiste, ni vaudou, ni scientologue, ni adepte d’aucune des autres croyances, sentiments ou dogmes, rites, cultes et prescriptions morales qui définissent les rapports d’un être humain avec le sacré ou une divinité.
Je suis tout simplement athée (et fier de l’être). C’est-à-dire que je ne crois ni à l’existence de dieux, entités surnaturelles, ni à une âme dématérialisée et éternelle, indépendante du corps et de la matière.
Cela ne m’empêche pourtant pas de m’élever contre une atteinte au droit de culte, surtout si elle ne vise qu’une seule religion. L’interdiction, la répression, ne constituent pas, selon moi, la bonne méthode pour combattre des croyances, quelles qu’elles soient. S’il y a une chose en effet sur laquelle il est impossible de faire pression par la menace et l’intimidation pour la modifier et l’orienter, c’est bien la conscience. Personne ne peut, ni ne doit s’immiscer de force dans votre cerveau ! Seules la conviction et la persuasion peuvent, dans ce domaine, avoir une quelconque efficacité.
Cependant je ne renonce pas pour autant à mes convictions et j’assume ce texte écrit en février 2015 : http://ruedublogulerouge.over-blog.com/2015/02/athees-et-fiers-de-l-etre.html
Chacun en tous cas, s’est frotté différemment à la religion, à l’Islam et aux musulmans. De la connaissance qu’on en a, peuvent provenir des perceptions différentes.
Je me permets de partager ici quelques-unes de mes propres expériences, d’évoquer quelques-unes de mes propres rencontres. Sans doute insignifiantes par rapport à celles de beaucoup d’autres, mais elles me permettent cependant de réfléchir plus concrètement à la réalité actuelle de l’Islam.
Il y eut pour moi d’abord l’expérience de l’Islam à l’étranger
J’y ai rencontré des gens ouverts et curieux et aussi c’est vrai, quelques indécrottables.
La Bosnie Herzégovine
Ma première rencontre physique avec l’Islam et les musulmans, c’était il y a un demi-siècle. Elle eut lieu dans ce qu’on appelait alors la Yougoslavie sans préciser qu’il s’agissait aussi de la Bosnie-Herzégovine et c’était à Mostar et à Sarajevo. J’étais encore jeune adolescent.
Là, dans cet ancien fief de l’empire ottoman, de passage touristique en compagnie de mes parents, j’eus pour la première fois le privilège, pour un roumi, de visiter l’intérieur d’une mosquée. Je garde en mémoire l’image de la fontaine proche de l’entrée, jonchée d’une myriade de paires de chaussures provisoirement abandonnées par leurs propriétaires, surtout des babouches usagées et poussiéreuses. Je me souviens que j’étais un peu heurté de la contrainte, pour la visite, de me déchausser, ce que je ressentais comme une vague humiliation, au point que je n’avais plus tellement envie de visiter.
Je ne connaissais alors rien des rites religieux, qu’ils soient bouddhistes ou hindouistes, catholiques ou protestants, chrétiens ou musulmans, étant depuis toujours, comme mes parents avant moi (mais pas mes grands-parents) et Jacques Prévert, A comme Absolument, T comme Totalement, H comme Hermétiquement, É accent aigu comme Étonnamment, E comme Entièrement, ATHÉE (…pas libre penseur, athée, mais toi les athées tu t’en balances…disait le veilleur de nuit à l’évêque dans “la Crosse en l’air“).
Pour la première fois au contact avec des musulmans, fussent-ils à côté de leurs pompes, je perçus ici le rôle primordial des ablutions rituelles de l’Islam et mesurai l’importance des rites pour les pratiquants. C’était pour moi une étude anthropologique au même titre que la visite de la Basilique Saint-Pierre quelques années auparavant à Rome qui avait constitué une première approche des rites catholiques.
Le Maghreb
À cette même époque, à quelques mois près, je visitai aussi le Maroc, de Tanger à Ouarzazate en passant par Fez, Rabat et Marrakech et je m’habituai alors à l’appel à la prière par haut-parleur des Muezzins du haut de leurs minarets, en même temps qu’à la beauté tarabiscotée de l’architecture mauresque dont j’avais déjà eu, il est vrai, un aperçu en Espagne andalouse, à Cordoue, Séville ou Grenade. Le contraste paraissait bien grand, dans le Maroc de l’époque, entre la pauvreté des médinas et le luxe effréné déployé pour les mosquées royales de Rabat et d’ailleurs !
Deux voyages en Algérie effectués avant la guerre civile me conduisirent à vivre aux côtés d’autres musulmans, à discuter avec certains et à m’en faire des amis. D’autres cependant, s’ils admettaient la possibilité pour un étranger d’être chrétien, lui refusaient celle d’être athée. L’intolérance menaçait. Était-elle due à l’Islam en général ? Je ne le crois pas. D’ailleurs, j’ai aussi connu (Par exemple à Avila, dans l’Espagne franquiste d’avant 1975), des individus chrétiens pas plus tolérants envers ceux qui se disaient athées. Ce seront plutôt les caractéristiques fascistes des bandes armées combattant soi-disant au nom de l’Islam, qui ouvriront, lors de la guerre civile (1991- 2002), la porte à toutes sortes d’exactions.
Pour le premier de ces 2 voyages, nous étions 7 jeunes de 18 à 25 ans (3 couples et 1 célibataire) dans deux véhicules dont l’un était une antique Peugeot 203 et l’autre une Renault 5 tractant une remorque artisanale où mon oncle avait adapté un couvercle en bois fermant par un cadenas. Nous campions sur les plages et nous étions alors plus préoccupés de notre pêche sous-marine éventuelle du jour que du monde musulman qui nous entourait.
D’autant que ce monde se réclamait alors surtout du socialisme et c’est plutôt sous cet aspect que nous le percevions.
Soyons honnêtes : les filles elles, avaient nettement plus de problèmes à faire admettre leurs tenues estivales, parfois un peu dénudées, surtout en plein ramadan. Les regards étaient bien souvent réprobateurs !
La deuxième expédition nous amena, à deux couples plus deux adolescents, dans deux campings cars, à faire le tour de la petite mer Méditerranée, via l’Italie, la Sardaigne, la Tunisie, l’Algérie enfin, avec retour par le Maroc et l’Espagne.
En rencontrant Rachid, instituteur dans les Aurès et fin connaisseur de son histoire nationale, qui nous avait tous invités à manger le couscous chez lui, nous fîmes connaissance sur place de l’histoire de la Kahina, princesse berbère peut-être elle-même juive, célèbre combattante contre les conquérants arabes, et dont notre hôte était persuadé qu’elle avait vécu dans son propre jardin, y laissant d’ailleurs de nombreuses traces archéologiques. Nous discutâmes de la filiation berbère (ou amazigh) de la majorité de la population algérienne, même si elle avait par la suite adopté la langue arabe et la religion musulmane.
Au hasard d’une prise en stop, J’y rencontrai aussi Khedidja et sa mère aujourd’hui malheureusement décédées et son frère, l’ami El Hadj qui, encore aujourd’hui, vit à Relizane, près d’Oran et que je salue à nouveau parfois au détour d’un surf sur le Net. Tous deux, à leur tour, effectueront quelques séjours touristiques chez moi. Musulmans, leur principale préoccupation n’était cependant pas, loin s’en faut, l’Islam. Vivre, connaître les coutumes et les modes de vie des autres était pour eux tout aussi impérieux et important.
Le Sahel
Par la suite, j’ai étudié (un peu) l’histoire de l’Islam à l’Université, lu le Coran mais c’est au Mali, le plus souvent à pied au pays dogon surtout, que je pris le temps de faire connaissance avec les traditions islamiques, les mosquées en banco de Djenné à Douentza en passant par celles des villages de la falaise de Bandiagara et de m’intéresser de plus près à l’histoire malienne.
Le pays était alors profondément musulman mais, ou plutôt et, profondément tolérant. Évidemment, pour les Maliens non plus, la religion n’était pas la préoccupation première. D’ailleurs, à l’époque, animistes, musulmans et chrétiens vivaient en bonne intelligence.
Il y a l’Islam en France
J’y ai rencontré des gens ouverts et curieux et aussi quelques indécrottables.
L’Islam rassemble en France presque 6 millions de personnes.
Pour ce me concerne, je n’ai connu de musulmans en France qu’issus des milieux immigrés, turcs, algériens ou marocains et dans le sport, quelques Sénégalais. Je ne connais pas de convertis, même si je sais qu’il en existe.
Par contre, si la religion a des impacts divers sur chacun, si les degrés de pratique ne sont pas les mêmes pour tous, aucun de ceux que j’ai connu ici n’a été amené à outrepasser les lois de la République.
Bref, les lois de Dieu sont pour le croyant prééminentes aux lois de la République mais les respecter n’amène pas à ne pas respecter celles de l’Homme.
Un exemple ? Si la loi islamique autorise la polygamie, elle ne l’impose pas et donc un musulman français n’a pas de difficulté contradictoire avec sa religion à respecter la monogamie !
Quant à la façon de s’habiller, n’est-ce pas à la République d’être neutre sur ce sujet ?
Guerre à l’Islam ?
L’Islam concerne 1 milliard 800 millions de personnes sur la planète. Près de 6 millions en France. Ce n’est pas rien et “en même temps“, (comme aurait pu dire Emmanuel Ier), c’est bien moins que les 2 milliards 400 millions de Chrétiens dans le monde et bien moins que les presque 38 millions de chrétiens en France.
Faut-il combattre l’Islam et les coutumes islamiques en particulier celles basées sur la notion de prééminence de la religion sur la loi ? Oui !
Faut-il le faire par la (ré)pression et la force d’une loi d’exception ? Non !
C’est par les idées humanistes des lumières, par l’éducation, par la science, par l’expérience matérialiste d’une partie de l’humanité que les idées rétrogrades du christianisme ont commencé à reculer et en particulier celles basées sur la notion de prééminence de la religion sur la loi.
C’est par le combat des idées, par les contacts entre mondes, par le frottement des cervelles entre elles que les idées rétrogrades de l’Islam reculeront elles aussi.