Voici bientôt la nouvelle année 2023 et c'est donc, comme d'habitude, l'occasion de se remémorer l'année écoulée en se posant la question : quels événements resteront dans les mémoires de cette année 2022 ?
Une crise existentielle
Contrairement aux espoirs envisagés pendant la pandémie, le moins qu'on puisse dire, c'est qu'on n'est pas encore sorti de l'auberge ! Le monde d'après Covid n'est pas sensiblement différent du monde d'avant.
À peine sortis de 2021 et de sa pandémie de Covid, nous nous sommes réveillés en effet en pleine crise existentielle.
Le dérèglement climatique a à peine été contrarié par les mesures dérisoires prises par le monde des Riches à l'issue de ses rencontres traditionnellement stériles de COP (Conférence des Parties chargée de statuer annuellement sur les objectifs de ralentissement du réchauffement mondial – on en est à la 27ème). Dans son 6ème rapport d’évaluation paru en 2021, le GIEC annonçait que la limite de 1,5°c de réchauffement fixée par l’accord de Paris pourrait être atteinte d’ici 2025.
Or, dans l’Hexagone, d’ici 2100, cette augmentation serait de 3,8 °C.
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Ce dérèglement mondial contraindra la migration de plus de 200 millions de personnes dans le monde.
D'autre part, la 6ème extinction des espèces est d'ores et déjà commencée et ira inéluctablement à son terme. Depuis le début du siècle, avec une accélération constante depuis les années 1950, les disparitions concernent des espèces de toutes tailles et ont surtout lieu dans les forêts tropicales humides , qui ont une grande biodiversité.
Le taux d'extinction actuel pourrait être de 100 à 1 000 fois supérieur au taux moyen naturel constaté dans l'évolution récente de la biodiversité. Si en 2007 on évaluait déjà qu'une espèce d'oiseau sur huit, un mammifère sur quatre, un amphibien sur trois et 70 % de toutes les plantes étaient en péril, sur un peu plus de 41 000 espèces évaluées, on sait maintenant que la disparition des espèces a été largement sous-estimée. En prenant en compte les mollusques terrestres (escargots et limaces), 7,5 à 13 % des espèces animales et végétales auront disparu dans le monde depuis l’an 1500, au lieu des 0,04 % estimées jusqu’alors. Appliqué à l’ensemble des êtres vivants, ceci représente l'extinction de 150 000 à 260 000 espèces.
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Une crise des modes de production
Le rapport d'Oxfam de janvier nous indique parallèlement que dans ce monde les Riches le sont de plus en plus et les pauvres également :
“La fortune des milliardaires dans le monde a plus augmenté en 19 mois de pandémie qu’au cours de la dernière décennie.
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Depuis la pandémie, le monde compte un nouveau milliardaire toutes les 26 heures, alors que 160 millions de personnes sont tombées dans la pauvreté.
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Avec les 236 milliards supplémentaires engrangés en 19 mois par les milliardaires français, on pourrait quadrupler le budget de l’hôpital public ou distribuer un chèque de 3500 euros à chaque Français-e.
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Les 5 premières fortunes de France ont doublé leur richesse depuis le début de la pandémie. Elles possèdent à elles seules autant que les 40% les plus pauvres en France.“
Le mode de production capitaliste est donc bien en cause. La course aux profits induit la course à la production et à la consommation sans s'occuper de la disponibilité des ressources. Plus que jamais, appliquer la règle verte proposée par l'Avenir en commun serait nécessaire (ne plus prendre à la nature davantage que ce qu'elle peut reconstituer).
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D'autre part, les réserves énergétiques de la planète ne sont pas inépuisables : au rythme de consommation actuel, le pétrole va arriver à épuisement d'ici à 54 ans, le gaz d'ici à 63 ans, le charbon d'ici à 112 ans et l'uranium d'ici à 100 ans (pour les ressources identifiées).
Il en va de même pour les principales matières premières que l'on imaginait jusqu'il y a peu, inépuisables. Ce n'est pas vrai, elles le sont.
D'où l'intérêt qu'il y aurait à n'utiliser le plus possible que les énergies dites renouvelables et à repousser le jour annuel du dépassement qui cette année a été le 28 juillet !
La guerre russe en Ukraine
Mais c'est, paradoxalement, le retour de la guerre en Europe qui pourrait peut-être devenir le vecteur d'une prise de conscience collective de l'impérieuse nécessité de sortir du mode de production capitaliste actuel. Les ressources en énergie, les ressources matérielles en général ne sont pas infinies et le phénomène ne fait que s'aggraver en raison des conflits mondiaux.
En effet, les USA, pour affaiblir la Russie et sauvegarder la prééminence mondiale de leur économie et de leur monnaie, face en particulier à l'essor de la Chine, ont poussé le plus possible d'états à rejoindre l'OTAN et en particulier la faible Ukraine, gangrenée depuis la Révolution de Maïdan de 2014 par des groupes néo-nazis armés et en guerre déjà depuis 8 ans contre une partie de sa population russophile dans sa partie Est (Républiques autoproclamées indépendantes de Lougansk et de Donetsk), provoquant ainsi la Russie de Poutine, lequel se crut obligé de lancer en février une opération militaire, franchissant les frontières de l'Ukraine et bombardant ses infrastructures au risque de tuer ses habitants. Il a beau la nommer “opération militaire spéciale“, ça s'appelle une guerre ! On n'avait pas vu ça en Europe depuis les bombardements aériens de Belgrade pendant 78 jours en 1999, effectués par ...les forces de l'OTAN et appelés à l'époque “opération forces alliées“.
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Mais “pire qu'un crime, c'est une faute“ pourrait-on dire en plagiant Talleyrand (ou plutôt Boulaye).
Le paradoxe, qui emplit de contentement les Américains, est que cette intervention russe pour empêcher l'Ukraine d'adhérer à l'Otan a ouvert la voie à la Finlande et à la Suède qui vont entrer dans l'organisation, tandis que, Macron l'assure, ce n'est pas encore certain pour l'Ukraine.
L'armée russe a tout de suite menacé Kiev la capitale, sans y pénétrer cependant, bombardé des cibles stratégiques avec leur lot de “dommages collatéraux“ (comme les avaient nommés l'OTAN en Serbie) puis occupé l'Est du Donbass et le sud de l'Ukraine, provoquant une vague de réfugiés ukrainiens accueillis dans différents pays de l'UE, mais aussi russes, accueillis plutôt dans un premier temps au Kazakhstan, mais elle a ensuite du se replier assez rapidement.
Elle avait certainement sous-estimé la capacité de résistance de l'armée ukrainienne et la force de la propagande médiatique qui l'a rendue responsable aux yeux d'une partie de l'opinion publique mondiale de multiples crimes contre l'humanité même si une majorité d'États a préféré s'abstenir de condamner la Russie à l'ONU.
De plus, la “solidarité internationale“ (c'est-à-dire occidentale) a joué à plein. Des milliards de dollars d'armes de plus en plus sophistiquées, depuis les drônes jusqu'aux missiles sol/air patriots sont essentiellement venues d'Amérique et ont été confiées aux Ukrainiens pour défendre leur territoire et assumer la guerre contre l'armée russe présentée à jet continu par les médias comme une sale armée d'occupation uniquement avide de vols, viols et autres tortures, considérées par les médias comme un apanage ethnique des Russes ou des Tchetchènes.
Au lieu de rechercher les moindres pistes pouvant mener au rétablissement de la paix, l'Europe a suivi comme un bon toutou son maître américain et a en plus décidé de mesures économiques de rétorsion sans s'occuper de ses propres intérêts. Résultat, elle a renoncé au gaz et au pétrole russes mais s'est retrouvée sans ressources énergétiques et doit compter sur le grand frère US pour qui c'est vraiment tout bénéfice.
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En effet, les États-Unis-d'Amérique ont ainsi atteint des buts qu'ils visaient depuis longtemps :
Ils ont ouvert un front contre la Russie qu'ils peuvent désormais espérer affaiblir considérablement, quelque soit l'issue de la guerre, pour se lancer les mains libres dans une autre guerre, économique, idéologique et pourquoi pas militaire, contre leur ennemi chinois.
Autre avantage, contrairement aux guerres de Syrie ou d'Afghanistan, aucun soldat américain n'étant en danger de mort, l'opinion publique devrait rester favorable à la guerre. Les morts et les blessés sont russes ou ukrainiens.
Enfin, la domination économique des États-Unis se renforce sur une Europe déjà politiquement affaiblie dans un passé proche par le Brexit.
Les élections en France
Présidentielles
Tandis qu'en France, en avril, le Président sortant Emmanuel Macron était réélu avec au 2ème tour 18,7 millions de voix, soit 2 millions de moins qu'en 2017, son assurance tout risques, la candidate de l'extrême-droite Marine Le Pen échouait encore à se faire élire présidente, mais avec 13,3 millions de voix elle progressait de 2,7 millions de voix par rapport à 2017.
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Quant à Jean-Luc Mélenchon pour LFI, il échouait à atteindre le deuxième tour malgré ses 7 714 949 voix du 1er tour, en progression de 654 996 voix par rapport à 2017. Pour y parvenir, il lui manquait encore 421 000 voix alors que 3 millions de voix au total étaient retenues par le communiste Fabien Roussel, la socialiste Anne Hidalgo et l'écologiste Yannick Jadot.
Législatives
Les législatives de juin allaient donner un tout autre résultat.
Avant les deux tours, les partis de gauche, PCF, PS et EÉLV, reconnaissant leur échec de la présidentielle et le leadership de LFI condescendirent enfin à s'allier dans une Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale, la NUPÉS, avec un candidat unique par circonscription et surtout en signant tous un programme partagé en 650 points qui reprenait en bonne partie le programme de rupture de LFI, l'Avenir en Commun.
Finalement, le parti présidentiel qui se prévalait lors de la législature précédente d'une écrasante majorité, perdait sa majorité absolue. Il obtenait 8 002 407 voix soit 38,5% et 245 députés (la majorité absolue étant à 289).
Tandis que la NUPÉS obtenait 5 857 364 voix soit 25,75 % et 131 députés auxquels s'ajouteront des Ultra-marins.
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Les Macroniens et la droite ayant refusé entre les deux tours de choisir entre la gauche et l'extrême-droite permirent in fine l'entrée à l'Assemblée Nationale d'un fort contingent de députés du Rassemblement national. Ils seront 89.
Devant cette situation, pour continuer sa politique droitière au bénéfice des Riches, le gouvernement n'a pu trouver que deux méthodes : compter sur le vote des députés de l'extrême droite et de la droite (le RN a refusé de voter, par exemple, des amendements de la NUPÉS proposant l'augmentation du SMIC, le blocage des prix de l'essence et des produits de première nécessité, ou le rétablissement de l'ISF, etc.), ou utiliser l'article 49/3 pour bloquer les débats au parlement, ce que fera 10 fois en un mois Elisabeth Borne, la Première Ministre.
Canicules, sécheresses et incendies
Dans le monde
Des températures supérieures à 60°C ont été enregistrées en Éthiopie.
En Inde et au Pakistan, une vague de chaleur extrême a submergé le sous-continent indien. Elle s'est caractérisée par sa précocité, sa durée exceptionnelle et ses températures anormalement élevées, dépassant régulièrement les 40°. La barre symbolique des 50° a même été dépassée dans certaines régions : la ville de Jacobabad (Pakistan) a enregistré ainsi une température de 51° le 14 mai, ce qui était alors la température la plus élevée au monde en 2022.
Cette vague de chaleur a tué au moins 25 personnes en Inde et 65 au Pakistan. Elle a eu un impact important sur la qualité de vie des populations, créant des coupures d'électricité, des pénuries d'eau, des incendies et affectant la biodiversité. Les récoltes désastreuses ont poussé en outre l'Inde, deuxième exportateur mondial de blé, à suspendre ses exportations pour assurer sa sécurité alimentaire, une décision qui, dans le contexte de l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022, n'a fait qu'accentuer la crise alimentaire mondiale.
Aux États-Unis d'Amérique, dans certaines écoles de la vallée de San Fernando, la température au niveau de l’asphalte a pu dépasser cet été les 60°C. La Californie suffoquait et grillait. Écrasée par la chaleur, la région a encore été la proie des flammes à Los Angeles, à San Diego et dans le parc national de Yosemite. Un «monstre» de feu, selon les termes du Los Angeles Times, a ravagé l'arrière-pays de Los Angeles.
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L'Afrique du Nord a connu aussi de graves incendies.
En Europe, l’été 2022 a été le plus chaud jamais enregistré sur le Vieux continent, provoquant de nombreux records de températures et de dramatiques incendies.
En plus des températures élevées, le continent européen a lutté contre des incendies de forêt dévastateurs que ce soit à Berlin, en Espagne, au Portugal, en Italie, au Royaume-Uni, en Grèce. Selon l’OMS, ceux-ci ont provoqué « les plus fortes émissions de carbone depuis 2007, pollué notre air, tué de nombreuses personnes - y compris, souvent, les répondants de première ligne des services d’urgence - en ont déplacé beaucoup d’autres et ont détruit de vastes étendues de terrain pour plusieurs années à venir ».
Au moins 15 000 décès sont liés aux vagues de chaleurs de l’été 2022 selon une estimation de l’OMS. C’est 10 % du total des décès liés aux températures extrêmes sur le continent depuis 50 ans.
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En France
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L'été 2022 restera dans les annales en France avec trois vagues de chaleur et 33 jours de canicule au total.
La température moyenne de l'été météorologique (juin, juillet, août) a été 2,3°C au-dessus des normales de saison, plaçant l'été 2022 au 2e rang des étés les plus chauds depuis le début des mesures en 1900.
Conséquence immédiate : 785 000 ha sont partis en fumée entre le 1er janvier et le 19 novembre ! Il y a eu 284 feux de forêts partout en France dont les principaux ont été à Landiras et à La Tête de Buch en Gironde, à Barbentane dans les Bouches du Rhône, à Brasparts dans le Finistère, à Gignac et Aumelas dans l'Hérault, à Aubenas, en Ardèche, Aubais dans le Gard, dans le Massif de la Chartreuse près de Grenoble, à Clefs-Val-d'Anjou dans le Maine-et-Loire, à Mostuéjouls dans l'Aveyron, à Vescles dans le Jura, etc.
Une autre conséquence du changement climatique est la sècheresse.En juillet 2022, la sécheresse des sols superficiels était exceptionnelle. À compter du 17 juillet, elle était la plus sévère jamais enregistrée, battant celle de 1976. La pluviosité était largement déficitaire sur tout le pays, avec seulement 9,7 mm, record absolu, avec des baisses de 85 %, voire souvent plus de 90 %. Combinée aux températures caniculaires, cette sécheresse a favorisé la propagation des feux de forêts.
Le 4 août 2022, 93 départements étaient concernés par des arrêtés de restriction temporaire des usages de l'eau. Parmi ces départements, une bonne partie de l'ouest du bassin de la Loire avec l'Indre, la Loire-Atlantiqu, la Mayenne, la Sarthe, les Deux-Sèvres, la Vendée et la Vienne, mais aussi la Drôme, l'intérieur du Var, le Lot ou le Val-de-Marne. (Début août 2021, seulement onze départements de la métropole étaient en situation de crise contre 62 en 2022)
Le mois de Novembre ayant été le plus chaud jamais enregistré, la situation ne s'est guère améliorée à l'approche de l'hiver.
Les déficits de pluies hérités de la sécheresse historique de l'été n'ont pas été comblés même si certains départements ont retrouvé une situation proche de la normale, permettant que par endroits les arrêtés de restrictions d’eau soient assouplis, notamment dans le Puy-de-Dôme et le Calvados . En effet, les quelques épisodes pluvieux survenus depuis septembre ne compensent pas les mois précédents. Les niveaux des cours d’eau et des nappes phréatiques sont toujours préoccupants dans plusieurs régions.
Des restrictions sont toujours en cours. Selon Propluvia, le site du ministère de la Transition écologique, seuls 40 départements n’appliquaient plus de vigilance ou de restriction au 21 novembre 2022 en France métropolitaine. Les nappes phréatiques sont toujours très basses.
Voici encore quelques-uns des événements mondiaux qui nous ont interpellés en 2022 :
L'Italie plonge en apnée à l'extrême droite
Nos voisins Italiens ont bien du souci à se faire, car après la démission de Mario Draghi en juillet, trois mois plus tard, les électeurs ont permis, avec 45% des suffrages à droite, l'arrivée au pouvoir de la néo-fasciste Giorgea Meloni. C'est elle la Première ministre de l'Italie depuis le 22 octobre 2022, suite à la victoire de son parti d'extrême droite, Fratelli d’Italia, aux élections législatives. À 45 ans, cette admiratrice de Mussolini est devenue la première femme à occuper ce poste.
Alors que la gauche italienne fut l'une des plus brillantes et puissantes d'Europe, elle a petit à petit disparu de la représentation parlementaire du pays.
Lors des élections générales de 2018, 5 formations politiques du centre à l'extrême droite avaient obtenu l'essentiel des député.es (600 sur 630) : le mouvement 5 étoiles de Luigi Di Maio totalisait 228 député.es, l'extrême droite 157 (125 pour la ligue du Nord de Matteo Salvini, 32 pour les frères d'Italie), le centre du Parti Démocrate 111, et la droite Forza Italia de Silvio Berlusconi 104.
Depuis, la ligue du Nord et le mouvement 5 étoiles connaissaient une chute de popularité, au profit d'un autre mouvement d'extrême droite "Les frères d'Italie ", héritier du Mouvement Social Italien (MSI), un parti fasciste dont le logo (la flamme tricolore) avait inspiré Jean-Marie Le Pen lors de la fondation du Front National.
Quelles sont les principales préoccupations de la nouvelle cheftaine italienne ?
L'émigration, qu'il faut réduire, bien sûr, quitte à laisser périr en mer les naufragés, comme on l'a vu dans l'épisode de l'Ocean Viking, les droits des chômeurs qu'il faut réduire, sa croisade à lancer contre les ONG, mais peu de changement sur le budget et une dévotion particulière pour les directives européennes d'austérité....
Bref, une politique au service des Riches mais plus sévère pour les Riens. C'est sans doute pourquoi notre bien aimé président Macron a été le premier chef d'état à se précipiter à ses pieds...
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Brésil, Chili, Colombie et Pérou, l'Amérique du Sud en ébullition.
Une page s'est tournée cette année en Amérique. Malgré quelques soubresauts, c'est la fin des droites toutes puissantes et soumises à l'impérialisme états-unien. Au total, ce sont au moins 6 grands pays, Argentine, Chili, Bolivie, Brésil, Pérou, Colombie, qui ont rejoint le Vénézuela et Cuba parmi les potentiels insoumis aux États-Unis-d'Amérique.
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Brésil
Au Brésil, le candidat de gauche, Lula, est à nouveau élu président et remporte l'élection avec 50,9% des voix. Il bat le Le président sortant d'extrême-droite et grand admirateur de Trump, Jair Bolsonaro.
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Chili
Au Chili, les électeurs, après avoir soufflé le chaud, en portant au pouvoir le jeune (36 ans) communiste Gabriel Boric, à la tête d'une coalition des partis de gauche et l'avoir chargé de promouvoir une nouvelle constitution pour le pays qui n'avait que celle de Pinochet, ont soufflé le froid en rejetant cette nouvelle constitution. Le Parlement doit donc en proposer une nouvelle mouture.
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Colombie
En juin et pour la première fois dans l'histoire du pays, c'est un président de gauche qui a été élu. En Juin, Gustavo Petro a remporté les élections avec près de 51% des voix.
Aussitôt, la Colombie a renoué les relations diplomatiques avec son voisin vénézuélien et appelé à la paix civile.
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Pérou
L'élection d'un candidat de gauche, Pedro Castillo, a incité la droite péruvienne à se lancer dans un coup d'état feutré d'abord mais de plus en plus ouvertement autoritaire.
Le Président a été mis en prison, sous l'accusation farfelue d'incapacité morale.
Les manifestations de soutien ont été réprimées et on dénombre déjà plus de 500 morts.
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Iran, la Révolution ?
Que se passe-t-il en Iran ?
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Le 16 septembre , la jeune Mahsa Amini, 22 ans, est arrêtée par la police des mœurs de Téhéran pour non-respect du strict code vestimentaire imposé par le régime. Elle décède trois jours plus tard sous la torture. Sa mort provoque une vague de manifestations aux cris de « Femmes, Vie, Liberté ». Les revendications portaient d’abord sur la place des femmes dans la société, mais rapidement, la jeunesse, femmes et hommes mélangés, fut rejointe par d’autres protestataires, de milieux différents. Et ce, dans un contexte économique très difficile.
Depuis plusieurs années, le régime fait face à des contestations sociales : manifestations en 2019-2020 contre la vie chère, ou encore en 2021, manifestations d’agriculteurs et de citoyens vivant dans des régions en tension hydrique.
La nouveauté en cette fin d’année 2022 est la montée en puissance de cette contestation qui touche toutes les régions et toutes les classes sociales. Elle s’accompagne de grèves, que ce soit celle des commerçants des bazars qui demeurent fermés ou celle des ouvriers de la pétrochimie.
Ce mouvement est donc aujourd’hui politique
Il insiste sur l’exigence de liberté et apparaît également comme anticlérical, comme le montre le jeu du « sautage de turban », très relayé par les réseaux sociaux. Ce dernier montre des religieux/des mollahs qui voient leur couvre-chef arraché en pleine rue. Une provocation de jeunes militants, en écho aux gestes des partisans de Khomeini s’en prenant aux mollahs favorables au régime en 1978/79.
En octobre, la presse officielle parlait de soulèvements et d’insurrection.
En novembre, les Iraniens se sont mis à parler de la Révolution de 2022, persuadés que les choses ne peuvent pas en rester là.
Le 21 novembre dernier, lors du premier match de l’équipe iranienne à la Coupe du Monde au Qatar, l’équipe nationale refusa de chanter l’hymne national par solidarité avec les manifestants. Même des catégories traditionnellement fidèles au régime s’en éloignent. La puissante diaspora iranienne (environ quatre millions de personnes) soutient comme elle peut le mouvement et cherche à le rendre public.
La sécurité du régime est assurée par les Gardiens de la Révolution islamique que l’on nomme les Pasdarans. Cette organisation paramilitaire dépend du Guide de la Révolution. C’est une véritable armée intérieure. Elle a sous son contrôle les milices islamiques du régime, les bassidjis chargés traditionnellement du contrôle politique et social à l’échelle locale et qui évoluent souvent en civil. Les 500 000 bassidjis dans le pays sont en première ligne de la répression.
Celle-ci a été en s’accentuant, plus de 450 morts en trois mois, des milliers d’arrestations, des condamnations à mort ont été prononcées contre ce que le régime appelle des émeutiers.
La répression est particulièrement sévère dans les régions kurdes et le Baloutchistan, une province du sud-est du pays. Le régime a censuré Internet pour empêcher la coordination des manifestants et le pays est largement coupé du monde.
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USA et le droit à l'IVG ?
Malgré l'élection il y déjà deux ans, du démocrate Joe Biden, la réaction est en marche.
Avant sa retraite forcée par les électeurs, Donald Trump, outre sa tentative de coup d'état en lançant ses partisans à l'assaut du Capitole, avait laissé derrière lui quelques bombes anti-personnelles, féminines en particulier. En confiant la Cour Suprême des USA à des vieillards réactionnaires, il savait ce qu'il faisait.
La Cour a torpillé le droit à l'avortement. En conséquence, chaque état est libre de l'interdire.
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« C’est un énorme recul pour toutes les femmes, aux Etats-Unis comme ailleurs. Chaque fois que le droit à l’avortement est attaqué quelque part, l’onde de choc se propage dans d’autres pays, affirme Sarah Durocher, co-présidente du Planning familial.
« En France, cette terrible nouvelle doit sonner comme une alerte. Il faut une mobilisation politique importante pour que l’avortement soit inscrit dans la loi comme un droit fondamental, ajoute-t-elle. Partout dans le monde, en Pologne, en Italie, en Amérique latine, des féministes se mobilisent. Les politiques doivent les écouter. »
Aux Etats-Unis, la décision d'annuler le jugement Roe v Wade mènera à l’interdiction de l’avortement dans 26 États américains.
Ces interdictions toucheront de manière disproportionnée les femmes noires et indigènes, celles à faibles revenus.
Refuser un avortement aux femmes qui ne veulent pas être enceintes les condamne à une grossesse et à un accouchement forcés, à des dépenses inconsidérées pour accéder à l’avortement loin de chez elles. Elle augmentera le nombre des personnes qui se tourneront vers des méthodes moins sûres, sans accompagnement. Sans conteste, il y aura des mort.es suite à cette décision infâme.
Cette mesure régressive est en décalage avec une grande partie du reste du monde où l'accès à l'avortement s'étend massivement. Mais il ne faut pas sous-estimer la détermination des organisations qui veulent restreindre ou interdire la possibilité de choisir de mener ou non une grossesse à terme.
Les mouvements anti-avortement aux États-Unis ne sont pas isolés : ils font partie d’un effort mondial concerté et calculé par les extrémistes conservateurs – qui sont anti-femmes, anti-LGBTQI+, anti-réfugiés et anti-genre. Ne soyons pas dupes, ces mouvements ont des sympathisants jusqu’en France.
Plus que jamais il faut défendre le droit à l’avortement ! Le Planning familial est à vos côtés. On ne lâchera rien. Nos corps, nos choix.
Quelles perspectives pour 2023 ?
Le choix de ces événements est bien entendu très subjectif. Des dizaines d'autres auraient pu trouver leur place.
Pour que 2023, en tous les cas, commence à répondre aux problématiques soulevées en 2022, on le sait déjà, il faudra nous battre.
Et pour commencer, en France, il nous faudra défendre notre régime des retraites, résister à la volonté de Macron de repousser l'âge légal à 65 ans et nous battre pour qu'il revienne à 60 ans.
Il faudra nous battre pour que face à l'inflation, les salaires soient augmentés.
Il faudra nous battre pour que les services publics et le service public ne soient pas abandonnés.
Il faudra nous battre par dessus tout pour que les ressources énergétiques ou en matières premières ne soient plus exclusivement dépendantes du marché, de la recherche du profit, bref, du système capitaliste mondial et national.
Il faudra nous battre pour la paix.
Il faudra nous battre... On ne lâche rien !