Ceci est un billet politique écrit par Noredine Raymond, l'ancien candidat LFI de la NUPÈS aux élections législatives dans la 2ème circonscription de la Charente-Maritime :
“Très cher.e camarade,
De polémique en polémique je vois bien que ta garde baisse. C’est normal. Le combat épuise et je sais, ô combien, je suis entouré de combattant.e.s dans ce beau mouvement insoumis. D’ailleurs, ce ne sont pas des combattant.e.s qui ont attendu la réforme des retraites pour entrer dans la lutte. On s’était déjà croisés pour défendre l'hôpital, l’école, pour lutter contre le racisme et toutes les formes de discriminations, pour défendre les droits des migrant.e.s… Je sais qu’en plus de participer au mouvement : tu es dans des maraudes, des associations écolos, un syndicat, une fédération de parents d’élèves, tu organises des manifestations culturelles… Bref, tu vis en luttant contre ce monde injuste.
Voilà que ces derniers jours, nous sommes tous branchés en permanence sur les débats à l’Assemblée. Nous subissons de plein fouet les polémiques créées par le gouvernement pour détourner le débat.
Hier, Aurélien Saintoul, député insoumis a pris la parole et traité le ministre Dussopt d’assassin.
Comme toujours il y a la forme et le fond. La forme : est-ce le bon moment ? Est-ce que ça sert la cause ? Est-ce bien utile de le dire dans ce lieu ? Aurélien Saintoul s’est excusé.
Mais sur le fond. Ne tergiversons pas : le capitalisme tue. Les politiques libérales tuent. Cette réforme va tuer.
Aussi, hier, un bal infernal a eu lieu contre nos député.e.s à cause du propos de Saintoul.
Un bal infernal alimenté par ceux qui sont censés être nos partenaires de la NUPES. Ont-ils oublié si vite ? Ceux là même qui ont passé leur campagne à nous insulter, particulièrement à insulter notre candidat Jean-Luc Mélenchon, et qui pourtant n’ont même pas atteint la moitié de notre score à eux tous.
Ce n'est pas seulement pour leur rappeler ce que pèse leur programme dans la société, c’est aussi et surtout pour leur dire que les Français ne sont pas des idiots. Ils se fichent pas mal de la politique policée des palais de la République quand on leur demande de travailler deux ans de plus, quand on continue de mener des politiques qui vont à l’encontre de leur salaire, quand ce pays est devenu la nation de la pénurie… Un peu de loyauté ne ferait pas de mal de leur part !
Je t’ai lu aussi, camarade, qui parfois en avait marre et qui sur ce coup aurait préféré qu’Aurélien Saintoul ne tienne pas les propos qu’il a tenus. Je te comprends, mais ne te laisse pas berner. Nous ne serons jamais les opposants sympathiques d’un système qui broie des vies et détruit la nature. Nous ne serons jamais de ceux qui se taisent quand on leur demande, de ceux qui préfèrent baisser la tête de honte que de se battre, de ceux qui sont impressionnés par ceux qui détiennent le pouvoir et l’argent…
Nous ne nous laisserons plus faire ! Notamment parce que notre score à la dernière élection présidentielle nous a rendu une fierté, particulièrement parce que ce mouvement nous regonfle à bloc.
J’aimerais finir avec des mots d’Edouard Louis :
Il commence “Qui a tué mon père?” par :
“Si l’on considère la politique comme le gouvernement des vivants par d’autres vivants, et d’individus à l’intérieur d’une communauté qu’ils n’ont pas choisie, alors, la politique, c’est la distinction entre des populations à la vie soutenue, protégée et des populations exposées à la mort, à la persécution, au meurtre” il fini ce splendide roman, en parlant de son père “Hollande, Valls, El Khomri, Sarkozy, Macron, Bertrand, Chirac. L’histoire de ta souffrance porte des noms. L’histoire de ta vie est l’histoire de ces personnes qui se sont succédées pour t’abattre. L’histoire de ton corps est l’histoire des noms qui se sont succédés, pour le détruire. L’histoire de ton corps accuse l’histoire politique."