/image%2F0809915%2F20230204%2Fob_bca4de_img-3546.jpg)
C’est notre chien, Madiba.
Il s’appelle Madiba en l’honneur de Nelson Mandela que les gens appelaient ainsi pour lui montrer leur respect. C’était le nom de son clan mais “Madiba“ signifie aussi comme un genre de “Monseigneur “ et voilà tout à fait ce qu’il est, quoique il soit surtout un chien de gouttière, étant originaire du village de Gouttières, en Auvergne, fruit du croisement entre une mère fox-terrier et un père beagle !
Et ce qu’il aime par-dessus tout, c’est se promener.
/image%2F0809915%2F20230204%2Fob_ce1ce3_nelson-mandela-avait-95-ans-afp-157192.jpeg)
Quant au Pré Carré, c’était à l’origine le nom d’un lieu-dit proche de l’ancien prieuré du Morillon à Aytré, parcelle anciennement porteuse d’une vigne.
C’est désormais la dénomination du plus grand château d’eau de l’agglomération rochelaise, qui a été construit sur cette parcelle, passée donc désormais du vin à l'eau.
/image%2F0809915%2F20230204%2Fob_d349d1_img-3548.jpg)
Il est approvisionné par une grosse conduite, longue de plus de quarante kilomètres, provenant directement de l’usine de potabilisation d’eau de Coulonge, sur la Charente, usine appartenant à la CDA de La Rochelle.
Il distribue ensuite son eau à plusieurs communes au nord de La Rochelle.
Or, pratiquement chaque soir de l’été dernier, Madiba avait l’habitude de nous convier avec insistance, ma femme et moi, à partager sa promenade sur le chemin de la Vaurie, en direction du Pré Carré.
Depuis peu la CDA a transformé ce chemin, autrefois étroitement dangereux bien que peu passant et au revêtement inégal, en une magnifique et lisse piste cyclable reliant Aytré ou Villeneuve des Salines à Périgny.
Madiba avait également pris l’habitude de nous détacher lorsqu’il s’y promenait, quitte à s’asseoir pour pouvoir mieux nous surveiller au passage des nombreux vélos ou autres trottinettes électriques qui constituent désormais les principaux dangers lors du partage de la piste avec nous autres les piétons.
/image%2F0809915%2F20230204%2Fob_7fc351_img-2636.jpg)
Cette piste, au départ de la rue de la Vaurie à Périgny, où nous habitons, mène d’abord à l’ancienne ferme et prieuré de la Vaurie et traverse ensuite la rivière de Varaize sur un petit pont.
Ce petit cours d’eau constitue la limite communale entre Aytré et Périgny. Elle prend sa source aux abords de la station de pompage de Varaize, mais se situe aussi dans le prolongement du fossé de drainage provenant du captage de Cassemortier, maintenant fermé pour cause de pollution au chlortoluron. Elle se jette dans la Moulinette au milieu d’une zone humide, domaine des chevreuils de Périgny.
/image%2F0809915%2F20230204%2Fob_342bf4_img-2637.jpg)
La piste longe ensuite à distance la Moulinette, ce “grand fleuve“ côtier de deux à quatre ou cinq mètres de large et de sept à huit kilomètres de long, avant de passer au pied du château d’eau du Pré Carré en face du Morillon. Elle rejoint ensuite la rocade et l’échangeur des Cottes Mailles à Aytré.
Mais un soir de septembre vers 21h (entre chien et loup), la nuit n’étant pas encore tombée, à l’approche du pont sur la Varaize, nous entendîmes, alors qu’il n’avait toujours pas plu depuis des lustres, un fort bruit de cataracte. Que se passait-il donc ? En aval du pont, le lit de la Varaize se gonflait d’un demi-mètre d’eau alors que l’amont était toujours à sec ! En nous rapprochant, nous nous aperçûmes que de l’eau arrivait - à gros bouillons- par une buse à côté du pont, et coulait dans le lit de la rivière.
D’où venait-elle ? En levant la tête, on pouvait voir à deux cents mètres (quand même) environ, le château d’eau du Pré carré et soupçonner un lien de cause à effets. Mais en la baissant, nous vîmes aussi Madiba dans une attitude bizarre, car il avait freiné des quatre fers pour ne pas sauter à l’eau et suivre sa première impulsion : se baigner. En nous approchant encore, nous comprîmes pourquoi : Une forte odeur de chlore se dégageait du torrent d’eau qui se déversait dans la Varaize.
Le lendemain, plus de bouillonnement, on avait coupé l’eau. La buse semblait tarie. La Varaize, en aval, conservait un peu d’eau finissant de s’écouler en direction, deux cents mètres plus loin, du confluent avec la Moulinette. Des plantes invasives tapissaient maintenant le lit de la rivière sur une quinzaine de mètres. Elles mesuraient déjà une trentaine de cm de hauteur. En amont, rien, bien sûr, un lit toujours aussi sec !
Que s’était-il donc passé ?
Renseignements pris auprès de riverains, il s’agirait d’un délestage normal de nettoyage du château d’eau du Pré Carré.
Pour les citoyens, certes béotiens mais néanmoins usagers de l’eau, contributeurs financiers et flâneurs amateurs impénitents de milieux ruraux que nous sommes, se posent cependant plusieurs questions :
- Quelle est la justification de ce nettoyage nocturne ? Est-il habituel ? La simple présence de canalisations de deux cents mètres de long construites sous la piste cyclable semble indiquer nettement que la réponse est oui.
- Est-il normal d’envoyer directement cette eau vers la Varaize, qui l’envoie directement à la Moulinette, qui l’envoie directement à la Mer ?
- Quelle est la fréquence de ces vidanges ?
- Qu’en est-il des autres châteaux d’eau ? Doivent-ils aussi subir ce genre de délestage ?
- Quels sont les produits utilisés ? Quelle est leur incidence sur les milieux aquatiques en eau douce et en eau marine ? Sur la flore et sur la faune ?
- Madiba - comme ses semblables - pourra-t-il désormais se baigner impunément dans la rivière de Varaize ?