La manif. du douze

Les actes antisémites ont considérablement augmenté en France depuis l'agression du Hamas en Israël nous affirme notre sinistre de l'intérieur Gérald Darmanin. On en aurait compté plus de 1500 dans toute la France depuis le 7 Octobre (on se demande bien pour quelle raison le décompte commence ainsi précisément à la date des exactions du Hamas).

Mais la demande de clarification de l'imam de la mosquée de Paris, Abdelali Mamoun, semble particulièrement justifiée : il souhaite plus de précisions quant à la nature de ces actes. En quoi consistent-ils, ont-ils pris une forme concrète ou sont-ils surtout numériques (ce qui n'excuserait rien mais nécessiterait une interprétation un peu différente), par qui ont-ils réellement été commis et à l'encontre de qui ? On l'ignore.

Si les quelques 200 tags commandités par des Moldaves pro-juifs ont été comptabilisés dans le total, et alors que 330 enquêtes seulement ont été diligentées, faire des musulmans de France les auteurs principaux de ces actes est quand même aller vite en besogne !

Il s'agit là davantage d'une argutie politique faisant allégeance aux théories de l'extrême-droite (grand remplacement, guerre de civilisations), pour mettre en cause les musulmans, que d'une preuve judiciaire.

Il fallait de toute évidence faire monter la peur de l'antisémitisme pour témoigner d'une mise en danger de la République en France. En assimilant auparavant toute critique du sionisme et de la politique de l'État d'Israël à de l'antisémitisme, on pouvait alors lancer, en réalité, en soutien inconditionnel à Israël, une marche pour la République et contre l'antisémitisme, les deux mots d'ordre privilégiés par Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher.

Et y convier l'extrême-droite, n'était pas autre chose qu'une manière de les laver plus blanc que blanc en leur décernant leur brevet de républicanisme.

Que ces derniers au grand complet, de Marine Le Pen à Éric Zemmour en passant par Jordan Bardella et Marion Maréchal Le Pen se soient précipités pour en être, en faisant croire à leur détermination contre l'antisémitisme (c'était inespéré pour des héritiers culturels de Pétain et de l'OAS), afin de se repeindre en sages agneaux de la République, plus éligibles les uns que les autres, c'est compréhensible.

Que des socio-démocrates de l'Ancien monde hollandiste se soient fourvoyés dans la combine, c'est dans l'ordre des choses.

Mais que de soit-disant communistes ou des écolos et des socialistes, même en rupture de ban avec la NUPÈS - même si tous élus précédemment grâce à elle dont ils avaient par ailleurs approuvé le programme de gouvernement - aient pu se compromettre dans cette mascarade, c'est une honte et un véritable scandale (comme aurait dit Georges Marchais qui a du se retourner dans sa tombe) !

Même si le bilan de la marche est somme toute bien modeste (100 000 participants selon la police gouvernementale), comme le démontre Jean-Luc Mélenchon dans une tribune, demandons-nous quelle sera l'efficacité de cette marche ?

L'objectif affiché de sauver la République (de quoi ou de qui ?) sera-t-il atteint ?

Les actes antisémites vont-ils diminuer ?

Non mais tout le monde s'en fout parmi les organisateurs, sinon parmi les participants. Car l'objectif principal a été atteint : Le cartel des droites s'est réuni, de l'extrême-droite aux communistes en passant par la droite, quelques socialistes, des écolos et les macronistes.

Le deuxième objectif était de diviser la gauche et c'est fait puisque la France Insoumise a été isolée en étant seule à sauver l'honneur de la France de gauche (avec le NPA et des syndicats comme la CGT, FO ou la FSU).

Le troisième objectif est lui aussi atteint puisque, au moins pendant une journée, on n'a pas parlé des crimes de guerre perpétrés par Israël à Gaza et en Cisjordanie ni du mot d'ordre unanime du monde humaniste :

Cessez le feu !